> Ateliers aves des femmes réfugiées syriennes à Metz (France) – Comsyr - 2016

Les ateliers ont été réalisés au sein de l’association Comsyr. Basée à Metz, dans le département de la Moselle, ce comité (com) d’Aide humanitaire au Peuple syrien (syr) a été créé en octobre 2012. Il a pour but de « prêter assistance et soutien au peuple syrien, de sensibiliser aux souffrances qu’endure ce peuple, notamment les plus fragiles de ses membres, femmes, enfants, réfugiés, blessés. »[1]

Outre l’organisation d’actions de secours médicaux en Syrie, le comité a pour missions la collecte à Metz et l’acheminement en Syrie de fournitures médicales et médicaments, l’organisation de manifestations diverses à Metz et ses alentours afin de récolter des fonds, et l’encadrement d’activités culturelles pour les réfugiés syriens présents à Metz.
C’est dans ce contexte que s’est créé le Cercle des femmes, autour de femmes réfugiées syriennes mais aussi françaises. Le Cercle des femmes est un groupe ouvert à toute femme souhaitant être dans un partage interculturel. Dans ce cadre, des activités, telles que sorties culturelles, sont proposées aux femmes syriennes, répondant ainsi à un besoin de sociabilité et de sociabilisation : ces moments de partage et d’échange conviviaux avec d’autres femmes leur permettent notamment de pratiquer la langue française et de s’intégrer dans la société.
Les ateliers proposés trouvaient leur place au sein de l’association en tant qu’activité du Cercle des femmes. A ce titre, de manière semblable aux autres activités proposées dans le cadre du Cercle des femmes, ils avaient pour objectifs de répondre aux attentes et besoins des femmes syriennes, à savoir :

  • Vivre un moment de partage et de convivialité entre femmes syriennes et françaises, permettant de prendre de la distance avec les préoccupations du quotidien et de se sentir intégrée dans la société ;
  • Avoir l’opportunité de s’exprimer et communiquer en français.

Chaque atelier s’articulait autour d’une thématique. Il était ainsi question d’identité, de positionnement par rapport à sa culture d’origine et par rapport à une culture inconnue, d’exploration de l’espace, du souvenir et de l’oubli, d’une (re)construction possible. A partir de ces thématiques, il était proposé la réalisation d’une production individuelle ou collective, principalement avec les médiums des arts-plastiques et de l’écriture, autour des images et des mots.
Puis suivait un temps de parole sur les productions. Ainsi les participantes pouvaient, si elles le souhaitaient, faire partager aux autres quelques mots sur leur production, et apprécier ce temps d’échange en français pour le moment de convivialité qu’il offrait.
Le projet a par ailleurs été ponctué par quelques sorties dans des institutions culturelles.
[1] www.comsyr57.org

Impressions et ressentis d’ateliers

Ces femmes syriennes ont des parcours de vie hétérogènes et des origines socio-économiques et éducatives variées. Certaines d’entre elles ont fait de longues études et la plupart exerçait un métier dans leur pays. Aujourd’hui, en France, elles tentent de trouver du travail pour compléter les aides financières qui leur sont allouées, afin de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Mais la difficile maîtrise de la langue française est souvent un frein, voire un obstacle, à la recherche et à l’obtention d’un emploi. Elles ont cependant la volonté d’apprendre et de s’exprimer en français car elles ont conscience que maîtriser le français signifie s’intégrer dans la société. Elles sont battantes et veulent aller de l’avant : si certaines d’entre elles ont bon espoir de pouvoir retourner un jour en Syrie, toutes semblent motivées à reconstruire quelque chose ici et maintenant.

Progressivement, elles ont su s’approprier l’espace des ateliers pour y exprimer ce qu’elles souhaitaient et qu’elles n’avaient peut-être pas l’occasion d’exprimer ailleurs, prises par un quotidien dont la lourde gestion ne laisse que peu de place, voire aucune place à leurs ressentis. En tant que femmes d’un pays en guerre, elles ont vécu et vivent des situations de l’ordre du traumatisme, et semblent prises à la fois entre le désir d’extérioriser et la volonté de vivre des jours meilleurs ici et maintenant, en se détachant des préoccupations du passé et du quotidien.
Les ateliers devaient en ce sens leur offrir une issue et un champ d’ouvertures possibles ; ils devaient leur permettre de déposer dans leurs productions les souffrances causées par la situation de leur pays en guerre et les impacts sur leur propre vie. Finalement, ce sont non seulement les signes d’une vie meurtrie par la guerre qui apparaissent dans les productions, mais aussi des messages chargés d’espoir.
Le courage de ces femmes témoigne de la force du peuple syrien tout entier, autant qu’il représente une ode à la vie.