> Ateliers avec des enfants réfugiés syriens à Gaziantep (Turquie) – Ufuk 2017/2018


À une centaine de kilomètres d’Alep, la ville turque de Gaziantep accueille près d’un million de réfugiés syriens. Parmi eux, soixante familles ont été relogées par l’association Ufuk (« horizon » en arabe) ; elles se composent principalement de femmes veuves et de leurs enfants. Hébergement, aide financière, accompagnement à la scolarité pour les enfants et adolescents, cours de langue, soutien psychologique sont offerts par l’association pour donner à ces familles la possibilité de poursuivre ici leur vie de la manière la plus digne possible. Diverses activités sont par ailleurs proposées aux enfants et adolescents durant les vacances scolaires.
Les ateliers de médiation artistique menés en 2017 s’inscrivaient dans cette démarche d’activités extra-scolaires. Durant une semaine, 120 enfants et adolescents âgés de 4 à 14 ans en ont bénéficié. Ils étaient répartis par tranches d’âges et par petits groupes dans des ateliers menés en co-animation avec Joëlle Dagher, médiatrice artistique, et Nour Sharabati, une des gérantes de l’association. Les ateliers représentaient un espace où ils pouvaient exprimer leurs sentiments, et les propositions de production artistique permettaient d’aborder notamment les thématiques de la construction et de l’identité.
L’aventure s’est poursuivie en 2018 avec les mêmes enfants et adolescents, ainsi qu’avec les nouveaux arrivants, mais cette fois sur une durée de sept semaines. Ce temps plus long a permis de mener un travail davantage en profondeur et de constater une intéressante évolution sur une période plus longue.

Impressions et ressentis d’ateliers

Témoins de terribles scènes d’horreurs et de violences, séparés de leur père que la guerre a emporté, les enfants et adolescents syriens rencontrés sont animés par des sentiments de tristesse, de colère et d’angoisse dont certaines de leurs productions sont le reflet. Mais davantage que l’expression de ces sentiments, c’est le courage avec lequel ces enfants et adolescents traversent cette rude épreuve qui retint mon attention : leur force à ne pas s’effondrer, à ne pas endosser un rôle de victime, à rester debout et à avancer plus droit que jamais vers un futur meilleur.
Désormais privés de leur chez eux, d’un ou de plusieurs membres de leur famille, ces personnes dont la guerre ravage leur vie depuis maintenant dix années, semblent mieux que quiconque savoir ce que signifie accueillir. Bien que la première session d’ateliers n’ait duré qu’une semaine, leur bienveillance envers nous nous a donné le sentiment d’être intégrées depuis bien plus longtemps dans cette grande famille du peuple syrien réunie sous le toit d’Ufuk. La seconde session d’ateliers, d’une durée plus longue, a confirmé ce sentiment. Tous nous ont exprimé leur reconnaissance et transmis leur remerciement pour notre présence auprès d’eux.
Une joie profonde était née de notre rencontre, celle du partage entre êtres humains que beaucoup d’éléments semblaient différencier mais que les circonstances réunissaient ici. C’est cette joie qui, alors que les bombes continuaient à pleuvoir à quelques kilomètres plus loin, nous rappelait ce qu’est le bonheur de vivre.